infernum in terra

 

Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

 

Je liais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

 

— O vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

 

A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts ?

 

Le mort joyeux, Charles Baudelaire

 

Ce matin je me suis de nouveau réveillée… et de nouveau les pensées me tourmentants tant sont venues me hanter.

 

Lancinantes douleurs innommables.

 

Je me suis donc réveillée et j'ai vêtis mon éternel masque du paraitre illusoire du « je vais bien ne t'en fais pas ». Mais je ne vais pas bien, vraiment pas bien. Je me sens mourir a petit feu, mourir a chaque inspiration et a chaque expiration, mourir au rythme de mes trémulations cardiaques et respiratoires. Une mort qui n'en ai pas une, une sorte d'enfer au quotidien.

 

infernum in terra.

 

Chaque jour je porte ce masque et chaque nuit cela me détruit d'avantage, je suis anéantie. Je pompe telle une éponge la souffrance environnant, et cela me fait atrocement mal. Pianotant sur mon clavier je déverse mes pensées, mes maux indicibles car aucuns mots n'est suffisant dans leur puissance qualificative. Lorsqu'aucun mot ne peut être prononcé pour extirper sa souffrance de son mental, comment vivre comment survivre? J'hère dans une ère bien trop austère. Je suis si perdue dans mes pensées.

 

Pascal disait sur l'égarement de l'homme qu' « En voyant l'aveuglement et la misère de l'homme, en regardant tout l'univers muet et l'homme sans lumière abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l'univers sans savoir qui l'y a mis, ce qu'il y est venu faire, ce qu'il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j'entre en effroi comme un homme qu'on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s'éveillerait sans connaître et sans moyen d'en sortir. Et sur cela j'admire comment on n'entre point en désespoir d'un si misérable état. Je vois d'autres personnes auprès de moi d'une semblable nature. Je leur demande s'ils sont mieux instruits que moi. Ils me disent que non et sur cela ces misérables égarés, ayant regardé autour d'eux et ayant vu quelques objets plaisants s'y sont donnés et s'y sont attachés. Pour moi je n'ai pu y prendre d'attache et considérant combien il y a plus d'apparence qu'il y a autre chose que ce que je vois j'ai recherché si ce Dieu n'aurait point laissé quelque marque de soi. »

 

Je ne suis rien je ne suis personne,  je suis déjà morte bien qu'encore en vie, la souffrance est trop forte et les bonheurs bien trop rarissimes. Je suis seule, d'une solitude nauséeuse



09/08/2009
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